Les dérives de l’expertise : une petite histoire pour l’illustrer.
Il était une fois, un homme qui se levait plusieurs fois par nuit pour aller aux toilettes.
Inquiet de cette situation, il décide de rencontrer toute sorte de spécialistes en raison de leur expertise.
Des urologues, des neurologues, des psychologues lui font passer une batterie de tests, d’examens et d’entretiens… sans résultats.
Au bout du rouleau, il se rend chez son généraliste et lui livre ses inquiétudes.
Son médecin le questionne alors, simplement : « que mangez-vous le soir avant d’aller vous coucher ? », « un bon litre de potage, le velouté de poireaux est mon préféré ! », « alors, arrêtez » lui répond aimablement le généraliste. Et les soucis de ce pauvre homme ont disparu avec l’excès de potage…
Il y a des modes plus ou moins heureuses, celle de l’expertise est sans doute une des plus dommageables à notre société, lorsqu’elle s’attaque à l’Humain, l’immatériel. En formation, en commercial, à la télévision, à la radio, partout, partout, partout des experts ! Aujourd’hui, si vous ne vous dites pas expert ou spécialiste, c’en est fini de vous…
J’ai suivi comme beaucoup les débats liés aux attentats : toujours les mêmes invités, toujours les mêmes discours et toujours les mêmes bêtises !
Aucune prévision ne s’est réalisée, en revanche, les plus inattendues se sont produites…
- Combien de criminels relâchés à tort,
- Un Titanic déclaré insubmersible et qui coule à pic,
- Combien de prévisions météorologiques erronées, sont le fruit de l’analyse d’éminents experts ?
Pourquoi ?
Parce que le problème majeur de l’expertise est d’être « parole d’Évangile ».
Oui, le risque de l’expert est d’adopter un paradigme1, de ne jamais sortir de son cadre de référence, de perdre en souplesse. Les dernières recherches en matière de prise de décision, prouve que les capacités d’un expert s’étiolent passé 15 années d’expérience, en raison notamment de l’adoption du paradigme.
Car, la nature dans son ensemble, et l’être humain en particulier, sont par définition imprévisibles, primesautiers, et facétieux. Il convient donc de toujours laisser la place au doute, à la curiosité. En ce sens, je partage la vision de Michael Apter : nous sommes des danseurs et non des statues ou des robots !
Humilité, remise en cause et bon sens me semblent être la meilleure façon de progresser soi-même, et d’aider les autres.
Voilà pourquoi je ne suis pas, et ne serai jamais uniquement coach de dirigeants, de vie, d’orientation professionnelle, de mères célibataires, etc… car j’ai choisi d’être coach d’êtres humains, afin de conserver ma vivacité et ma souplesse d’esprit.
Enfin, si Leonard de Vinci avait dû choisir entre invention et peinture, nous n’aurions peut-être pas la Chapelle Sixtine… Quel dommage ! )