En communication le risque N°1 est celui de la divination au carré
Je m’explique en l’illustrant par 3 exemples de » non »communication .
- Qui n’a jamais pensé naïvement que l’Autre avait forcément compris et deviné ? « J’ai envie de travailler avec untel, et j’attends qu’il le devine ! »
- Qui n’a jamais rêvé que l’Autre comprenne ce que l’on ressent, ce qu’on désire sans avoir à lui dire ? : « Je suis fatigué(e) de préparer le repas, je rêve de sortir ce soir et j’attends qu’il, qu’elle m’invite ! »
- Qui n’a jamais eu la certitude d’avoir parfaitement compris, de savoir, encore mieux que l’Autre même, ce qu’il pense ? « Je suis sûr(e), qu’elle m’en veut de ce que je lui ai dit hier »
Dans tous ces cas, le même fantasme : celui de la divination.
Nous souffrons (le rêveur, l’attentiste) et profitons (le décideur) tous, plus ou moins, et tour à tour de ce syndrome. Dans notre vie professionnelle, personnelle et familiale, dans mes coachings, je constate l’amplitude du phénomène !
Une prolifération qui s’explique par le fait que la divination se vit au carré : je crois que l’Autre a ce pouvoir de divination, et de la même façon je crois avoir le pouvoir de deviner ce que l’Autre ressent, vit, sans avoir à lui poser la question ! Le tout multiplié par le nombre d’intervenants, de sujets, etc…, je vous laisse imaginer le nombre d’occasion de malentendus et de rancœurs !
Car le fantasme de la divination en communication, s’accompagne du « syndrome de l’économie ».
C’est à dire, économie de formulation, je montre de plus en plus, mais je dis de moins en moins.
Combien de fois ai-je demandé simplement à mes clients « et tu lui as dit ? », ou « il, elle le sait ? », ou encore « comment sais-tu qu’il, qu’elle pense ceci ou cela ? », « et comment peux-tu être sûr(e), qu’il, qu’elle va te répondre ça ? »
Or, d’après les réponses obtenues et mes observations, il semble qu’avec le temps, les habitudes, les déceptions, et la familiarité, la paresse et/ou le renoncement s’installent progressivement.
En tant qu’émetteur, je grogne, j’opine du chef, je hausse les yeux au ciel, je soupire, je lance un regard assassin. Je multiplie les messages non verbaux pour FAIRE COMPRENDRE à l’Autre plutôt que de DIRE ce que je ressens, ce que je veux.
Et lorsque je suis le récepteur, je décode les messages non verbaux de l’Autre, en les interprétant et en les déformant à ma guise…
Or, FORMULER, et BIEN formuler, c’est-à-dire, s’exprimer clairement et intelligiblement, évite 4 écueils majeurs
- La frustration : je n’attends pas, j’agis. Je vais au devant de mes désirs, de mes attentes, je provoque la chance et l’occasion.
- Le malentendu : forcément, ce qui n’est pas « dit » est difficilement « entendable », et donc « mal entendu » !
- L’inévitable mauvaise foi : « mais tu nous as jamais dit ! », « vous ne nous avez jamais demandé ! » : En formulant clairement, la personne se met à l’abri de la mauvaise foi de l’Autre. Car qui n’a jamais « profité » du silence de l’Autre ? « Vous ne m’avez jamais demandé d’augmentation ! », « tu ne m’as jamais dit que tu tenais tant à ce week-end ! »
- L’interprétation : je décode à tort, je projette sur l’Autre des idées, des intentions qui ne sont pas, et n’ont jamais été les siennes…
Mon conseil pour éviter de tomber dans ces travers ? Déjouez les pièges de la communication et de la divination, en OSANT DIRE ou DEMANDER, et en VÉRIFIANT auprès de l’Autre si ce que vous avez imaginé est fondé !
Surtout, surtout, renoncez une fois pour toute à cette satanée divination !